lundi 30 mars 2009

Quelle majorité pour le Liban?

Le terme de « démocratie » est bien galvaudé de nos jours. Tout le monde la reclame mais malheureusement, chacun en a sa propre definition. Dernierement, l'utilisation abondante des termes "majorite" et "minorite" a donne a quelques uns la tres fausse impression que le systeme de gouvernance libanais est bien un systeme democratique bipartisan a l'occidentale. Depuis, on s'obstine à vouloir appliquer un carcan de démocratie populaire à un système qui ne l'est tout simplement pas. Non seulement notre système actuel est non démocratique, il ne représente même pas une plateforme susceptible d'évoluer un jour en démocratie de type occidental.

La structure sociale hétéroclite de notre pays a fait en sorte qu'une autocratie serait impossible à mettre en place. Il suffit de voir d'ailleurs les "dictatures" en place au sein de chaque communauté pour avoir un bon exemple de ce qu'aurait été le "système libanais" si notre une société était monolithique.

Nous ne voulons pas de cette démocratie par défaut, cette impuissance de dictature. C'est ce système-la qui donne naissance aux hérésies tel que le partage de l'exécutif et autres "tables de dialogue". Nous voulons une loi électorale capable de mener au pouvoir une majorité claire et à l’opposition une minorité claire. Un vrai mandat pour gouverner tout le pays face à un vrai programme de substitution. Malheureusement, l’état actuel du processus électoral et du débat politique ne permet ni l’un ni l’autre.

Parler de « majorité » et « minorité» dans l'etat actuel des choses est presque dangereux puisque cela crée l’illusion d’un droit acquis au monopole du pouvoir au profit d’un groupe soi-disant majoritaire mais qui reste sectaire et prisonnier du jeu des alliances. Il semblerait quand meme que toutes les factions politiques ont fait de cette "majorite" leur ultime but electoral.

Une confusion totale existe d’ailleurs entre les majorités tantôt au niveau communautaires et tantôt national. Le concept de majorité nationale est une fiction dans le système libanais actuel. La vraie question est de savoir si une majorité communautaire confère un ticket irréfutable pour le pouvoir exécutif. Tant que la démocratie libanaise restera une somme de dictatures, la réponse restera malheureusement «oui» et tous les gouvernements libanais, pour trouver un semblant de légitimité populaire, seront condamnés à sacrifier l’efficacité, la cohérence et l’imputabilité au profit de la stabilité (stagnation!) politique et sécuritaire.

Pour pouvoir nous débarrasser de cet éternel dilemme entre le mauvais et le pire et arriver à faire émerger le concept d’une vraie majorité nationale, il faudrait d’abord arrêter de nous projeter une image idéalisée de notre système pseudo-démocratique et accepter les dimensions communautaires de l’appartenance politique. Au lieu de garder les sensibilités communautaires dans le domaine du tabou et du reflexe, il faudrait, au contraire, leur donner la place qui leur revient par construction en les encadrant par des institutions républicaines. Il est nécessaire de conforter la représentation communautaire afin de favoriser l’émergence de débats démocratiques intra-sectaires et briser ces dictatures qui se nourrissent du repli identitaire.

Le meilleur moyen d’appliquer cette démocratie faite sur mesure pour le Liban serait d’introduire un tour de scrutin « communautaire » ou chaque communauté adoube ses représentants avant que ceux-là ne soient soumis au vote national proportionnel dans le cadre de coalitions ou de partis nationaux. Ce tour de scrutin mettra fin une fois pour toute aux acrobaties géographiques hypocrites qui, finalement, ne cherchent qu’a créer des circonscriptions mono-communautaires, asseoir des « zaims » de villages et frustrer les minorités locales en rendant leur vote caduque. Il nous semble que l’introduction de cette dose de communautarisme institutionnalisée dans le processus électoral est la seule manière d’encourager les voix dissonantes et les garde-fous au sein des communautés.

A l’ombre de ce système-la, donc, il n’y a pas de droit absolu de participation a l’exécutif à des majorités communautaires mais le champ est libre pour l’arrivée au pouvoir d’une vraie majorité nationale capable de gouverner seule tout en préservant une légitimité et une couverture communautaires aux individus qui la composent.

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